Originaire de Rio de Janeiro, il commence à pratiquer la capoeira à l’âge de 14 ans auprès de Mestre Arara. Lorsque ce dernier se voit retirer sa salle d’entraînement, il suit alors quelques temps les cours de Mestre Camisa, le formateur de Mestre Arara.
C’est alors que pour des raisons de commodité – les cours ont lieu tout près de chez lui – il entre en contact avec Mestre Garrincha, à l’école duquel il s’identifie immédiatement, lien qui se perpétue aujourd’hui encore.
Après quelques années, il conquiert sa place parmi les élèves avancés, ce qui lui permet de dispenser des cours pour débutants au sein d’une forme d’« Université de la capoeira ». En parallèle, il se forme à l’Université de Rio pour devenir professeur d’éducation physique et dispense, dès 1988, des cours de capoeira auprès d’enfants et d’adolescents dans les écoles.
Il décide en 1993 de partir pour l’Europe : le marché du travail pour les capoeristes était en pleine expansion au Brésil, mais l’on entendait dire également que le mouvement prenait de l’ampleur au delà des frontières : en réalité, elle y explosait littéralement et dévoilait, une fois de plus, à travers les bagages du capoeiriste qui véhiculent toujours son expérience, sa sagesse et sa malice, sa capacité et sa force de culture de résistance. Ce fut l’occasion de revoir de vieilles connaissances mais également de rencontrer des capoeristes venus de toutes les régions du Brésil.
Après deux années de voyages à travers une dizaine de pays et de multiples rodas, Mestre Bruzzi retourne au Brésil et reprend son travail auprès des enfants. Le Brésil était alors en pleine expansion économique et la capoeira attirait un large public. Mais dès 1998, la politique économique du Plan Real est redevenue instable et défaillante. En trois ans, la situation des capoeiristes était passée d’une énergie très positive au retour en force des difficultés : « la joie du pauvre ne dure pas ».
Il décide alors de retourner en Europe, dans le sud de la France, où il retrouve un vieil ami, le célèbre Mestre Sorriso. Mestre Bruzzi se voit alors confier le soin de travailler avec lui au sein de l’association Senzala Montpellier afin de développer et d’étendre le travail entrepris depuis cinq ans.
Le travail de la capoeira avait évolué encore davantage qu’à sa première visite en Europe, cinq ans auparavant : il y avait un manque évident de personnel pour une telle demande. La capoeira se présentait comme un phénomène de mode, mais pour ceux qui la connaissaient bien, elle ne s’affirmait pas en fonction de ce phénomène : la mode avait été créée en fonction du succès et de la force que la capoeira représentait.
A partir de septembre 2006 jusqu’en 2012, Mestre Bruzzi prolonge et développe son travail au sein de l’association « Escola de Capoeira Méditerranee« . Présent dans la plupart des manifestations européennes, il dispense des cours quotidiens pour adultes et enfants, forme des élèves avancés qui créent à leur tour des associations, met en œuvre des actions et projets éducatifs, « parraine » une association de capoeira dans l’est de la France dont les élèves s’entraînent la plupart du temps en autonomie, intervient en milieu scolaire, participe à la plupart des événements européens et organise des fêtes, stages, festivals, baptêmes, voyages avec et pour ses élèves.
En juillet 2009, à l’occasion de sa « formatura » (l’obtention du grade de « Mestre »), Mestre Bruzzi part au Brésil avec un groupe d’élèves de Montpellier et de Forbach.
Ayant fait pousser plusieurs graines de capoeiristes (Montpellier, Lattes, Lunel, Juvignac, Lozère, Moselle et La Réunion), Mestre Bruzzi retourne au Brésil en 2012 où il y développe depuis un nouveau travail de Capoeira à Arraial do Cabo.
» L’apparition d’instructeurs et de professeurs européens sème les graines d’un nouvel essor pour la capoeira. Si le Brésilien qui a exporté son art et sa culture à travers le monde ne fait pas évoluer sa vision de la capoeira en fonction du contexte historique, social et culturel du milieu où il vit, il court le risque de perdre sa place là où il a lui-même implanté la capoeira.
En effet, les brésiliens ne doivent pas oublier qu’une des raisons principale qui nous a fait quitter notre patrie était le manque de reconnaissance et de soutien de notre art au sein de notre propre communauté.
C’est pour cette raison que nous ne devons pas nous opposer aux règles que le système étranger nous impose, afin que notre travail puisse continuer son chemin et conquérir toujours plus de nouveaux espaces. (…) Grâce à son esprit et à son caractère essentiellement libre, la capoeira avance dans l’histoire et franchit les barrières sociales et culturelles. Elle traverse les frontières. Tel un vieux caméléon, le capoeiriste s’adapte et envahit le globe terrestre, et aussi sûr que la terre tourne, il passe de la tempête à l’accalmie et au beau temps, évoluant et affirmant toujours plus fort ses valeurs, maître de ses disciples et du monde qui l’entoure. « – Mestre Bruzzi